Le 1er avril 2022 restera à coup sûr, si ce n’est la plus belle de sa vie, à tout le moins la plus belle de sa carrière sportive. Ce vendredi-là en effet, au terme d’un gala qui aura mis le feu (dans le bon sens du terme, car l’occasion est belle ici de saluer l’excellent état d’esprit qui aura régné en cette soirée, et peut-être dû aussi à l’excellent travail d’encadrement assuré par les agents de sécurité) à la Halle des sports Sainte-Croix, le boxeur fréjusien Gustave Tamba s’est imposé par KO au 2e round d’un combat prévu en 12 reprises face à l’Italien d’origine roumaine, Dragan Lepei.

Celui qui possède déjà trois ceintures de champion de France, se parait à cette occasion d’une ceinture supplémentaire, la 4e de la collection, ceinture continentale de l’Union européenne.

Samedi en début de soirée, moins de 24 heures après son triomphe, Gus’ est revenu sur cette journée pas comme les autres.

 

Gus’, d’abord, à nouveau toutes nos félicitations pour cette magnifique victoire. Et première question, as-tu réalisé que tu étais désormais détenteur d’une ceinture européenne ?
« Même pas, non. J’avoue que je ne réalise pas vraiment encore.

Du coup, peux-tu nous raconter comment s’est passée cette journée ?
Laquelle ? Celle avant, ou après le combat ?

Ben les deux si tu veux…
En fait, mes journées passent à 2000 à l’heure en ce moment. Vendredi, après un bon petit déj’ avec mon pote Ibrahim, l’un de mes meilleurs amis – un peu un intendant, c’est lui qui s’occupe de ma tenue, d’aller vérifier la conformité des gants de l’adversaire, etc. –, qui est descendu de Paris et que j’accueille à la maison, on est passés à la salle. Un peu un rituel, histoire de voir la salle, de la sentir, de monter sur le ring…

Après, un petit tour à la mosquée pour la prière, c’est vendredi. Puis on est rentrés tranquilles à la maison. Un repas assez tard, vers 15h, 15h30 car je boxe tard et je ne vais pas remanger avant le combat. Un bon repas même parce qu’après, je me suis couché direct pour une bonne sieste de 2h.
Au réveil, une douche, pas trop chaude, un peu froide pour réveiller les muscles.
Puis on va à la salle.

La pression doit être assez forte à cet instant, non ?
En fait, je ne fais pas trop attention à tout ce qui se passe autour. Je reste concentré, je suis dans ma bulle. On avait accès au ring depuis le vestiaire, donc je regarde de temps en temps.
Puis on passe aux choses sérieuses : l’échauffement avec Yannick, les bandages… J’ai mis mes affaires en place, je suis dans le game.

Puis c’est l’entrée, dans cette tenue spéciale que tu as choisie. C’était ça la surprise que tu nous avais annoncée ?
Oui c’était ça. Pas une tenue sénégalaise comme tu l’as dit (sorry, Ndlr), mais plutôt mexicaine. En fait, j’aime assez la musique latino, et j’ai entendu ce morceau que j’ai décidé d’utiliser pour mon entrée. À partir de là, il me fallait composer la tenue qui irait avec, le poncho, le sombrero, les maracas… J’avais même une moustache mais, avec la vaseline, elle n’a pas tenu… C’était mon petit délire.

En revanche, tu mets du temps à rentrer dans la salle. Ton adversaire t’attend sur le ring. Une façon d’ajouter de la pression ?
Non, sincèrement, ce n’était pas dans cette optique ! Je ne fais pas ça pour le déconcentrer, aucunement. Mais c’était mon moment, je voulais kiffer, profiter, pour moi, pour galvaniser le public que j’avais entendu bien chaud déjà sur le combat de Mekki. Je voulais encore faire monter l’ambiance.

Tu penses à quoi en arrivant sur le ring, pendant les hymnes ?
Je kiffe déjà en tout premier lieu. En montant sur le ring, en voyant cette salle pleine, tous ces supporters, je me dis que je n’ai pas le droit à l’erreur. Surtout après mon entrée déguisé ainsi. Je me dis, “ce soir, c’est pour toi, il n’y a pas de doute“…

Le combat commence, tu le mets rapidement au tapis. Qu’est-ce qui te passe par la tête alors ?
Au début du combat, je prends mon temps, je savais qu’il fallait être vigilant, prudent. Puis je place une accélération et il va au tapis. Je sais que le round est presque fini, j’ai envie de finir maintenant, qu’il n’aie pas le temps de se reposer, de reprendre ses idées. Après, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Le combat peut totalement changer…

Ce n’est pas le cas, tu repars immédiatement à l’attaque…
Oui, j’espère qu’il n’a pas trop récupéré. Il faut que je l’attaque, je lui mets un crochet en sortie de coin, ça paie… En fait, je voudrais rendre hommage ici à mon coach : il avait tellement travaillé sur les vidéos, on avait tellement travaillé la tactique qu’il s’est passé exactement ce que j’attendais. Rien ne m’a surpris dans le déroulé du combat…

Et une fois que le verdict tombe, tu exploses littéralement… Que ressens-tu à cet instant ?
C’est fou, une fois que tu as gagné… J’avais eu des émotions sur mes titres nationaux, à Paris ou je connais pas mal de monde, à Grande-Synthe aussi… Mais là, c’était au-delà encore !
En revanche, j’ai un petit regret, celui de ne pas avoir assez profité. De ne pas non plus avoir pu faire plaisir à faire des photos avec tous les supporters. On m’a demandé pour le contrôle anti-dopage, ç’a été assez long et, quand je suis revenu, la salle était vide…

Tu as fêté en famille, avec les amis tout de même ?
Ç’a été assez calme. On a cherché où manger, mais il était tard. Finalement, on a réussi à se faire livrer quelque chose. À la maison, avec madame et Ibrahim. J’ai dû me coucher vers 7h. Puis il a fallu que je ramène Ibrahim à la gare pour son train vers 10h. Là, je suis chez mon père Bacary. Il est un peu malade, il n’a pas pu venir. Je lui ai amené la ceinture… Là, c’est cool, je profite, tranquille…