Tout juste rentrée d’Afrique du Sud – et un avion ayant subi un “léger“ retard de quelque 16 heures – Pauline Ferrand-Prévot était, 48 heures plus tard, de retour à l’entraînement au Creps de Boulouris. Plus précisément à la salle de musculation de la structure raphaëloise, pour une séance allégée, à base de décompression et récupération musculaire, séance préparée par sa coach personnelle, Cécile Ravanel,.
L’occasion de faire le point en ce début de saison avec la multiple championne du monde avant la première manche de Coupe du monde de XCO à Petropolis au Brésil ce week-end, avec les coaches, Cédric et Cécile Ravanel et d’autres coureurs de l’AMSLF VTT.

 

Pauline, tu rentres tout juste d’Afrique du Sud, où tu as couru l’Absa Cape Epic (*) (lire notre article paru dimanche 27 mars). Peux-tu expliquer la génèse de cette participation inédite ?
En fait, tout est venu d’une discussion et d’une réflexion avec mon entraîneur, Barry Austin. Cet hiver, on a beaucoup travaillé la technique avec Cécile. À partir de là, la Cape Epic était, déjà, l’occasion d’une nouvelle expérience, et surtout un bon bloc de travail avant de reprendre la Coupe du monde de XCO à Petropolis (Brésil) dès la semaine prochaine (ce week-end, entretien réalisé le 30 mars, Ndlr).

En fait, j’avais eu l’occasion de croiser Robyn (De Groot, sa coéquipîère sud-africaine sur cette épreuve). Mais je ne la connaissais pas plus que cela, et je l’ai vraiment découverte durant cette semaine. Elle comptait déjà cinq participations à cette épreuve, et elle m’a carrément bluffé en début d’épreuve, car elle envoyait vraiment.
Puis elle est tombée malade – un virus qui a contaminé pas loin de la moitié du plateau –, mais cela ne l’a pas empêché de se montrer très courageuse et, même si ç’a parfois été difficile, elle m’a suivi jusqu’au bout.

 

Une première qui se termine par le podium

 

Et pour une découverte, votre duo termine sur le podium. Une belle satisfaction j’imagine ?
Oui, on fait 3 après les sept jours de course. Un très bon résultat sur une compétition que Robyn elle-même a trouvée particulièrement relevée. Sur les éditions qu’elle avait courues jusqu’alors, il n’y avait que rarement des étapes de 5h ou plus. Là, nous avons eu quatre étapes de 5h30 avec des dénivelés positifs de 2000 m en moyenne chaque jour. Et avec le vent de face, ce n’est pas évident…

À l’entraînement avec Cécile Ravanel sur la piste du Creps de Boulouris, qui reprend le tracé du parcours olympique de Rio… (© Photos : Franck Cluzel)

 

Au final, qu’as-tu retiré de cette expérience ?
Comme je l’ai dit, c’était l’occasion de faire un bon bloc sur le vélo. Là, je suis fatiguée, c’est logique, d’autant que s’ajoutent 10 heures d’avion. Je ne suis pas “cramée“ pour autant, c’est une fatigue normale au regard de ce que je viens de faire. Ça tire un peu aussi sur les bras et les épaules parce que je n’ai pas l’habitude de passer autant de temps sur le vélo et, encore une fois, les conditions n’étaient pas forcément évidentes. Mais, d’ici quelques jours, tout aura disparu et ça ira mieux.
Après, c’était également le but de cette participation à la Cape Epic, un travail de complément pour peaufiner la préparation en vue de la saison de cross-country. Donc, tout est ok à ce niveau.

Tokyo ?… Je suis passée à autre chose

 

Justement, à propos de cross-country, tu enchaînes avec un nouveau voyage de l’autre côté du globe, au Brésil…
Je pars ce vendredi (1er avril -> entretien réalisé le 30 mars, Ndlr) pour le Brésil et Petropolis, à 70 km au nord de Rio, où nous attend la première manche de la Coupe du monde de cross-country. Avec le “short track“ (XCC) dès le vendredi soir, puis la course “normale“ le dimanche 9.

 

Le “short track“ justement, un format raccourci (20’) du XCO (cross-country olympique), apparu en 2018 mais instauré en Coupe du monde la saison passée seulement. Et tu as déclaré apprécier tout particulièrement ce style de course. En quoi ce format est approprié à ton style et tes qualités ?

J’aime ces courses courtes, rapides, rythmées. Sur des tracés pas très longs. Ça me paraît davantage correspondre à mon style un peu “punchy“, un peu accrocheur aussi. Il faut la jouer tactique et être présente dès le départ car, effectivement, ça dure très peu de temps Mais ouais c’est sympa au final, j’aime ça.

Faire et refaire. Analyser pour se corriger, travailler et travailler encore et encore. Les secrets d’une championne…

Un super groupe d’entraînement à l’AMSLF

 

Après, ça s’accroche oui, mais si possible en évitant d’aller à terre. Cette mésaventure t’est précisément arrivée à Tokyo sur la course olympique dont tu avais fait un objectif. C’est oublié tout cela aujourd’hui ?
Oui, ça fait partie du jeu. Bon, je m’accroche avec une adversaire alors qu’on était bien parties (la Suissesse Jolanda Neff en l’occurrence, qui finira avec l’or autour du cou, tandis que Pauline, ensuite victime d’une crevaison, terminera 10e et 2e Française derrière Loana Lecomte, 6e, Ndlr). Après, ce n’est pas oublié, mais c’est le VTT, ce sont les aléas de la course, je suis passée à autre chose.

« D’autant, ajoute Cécile Ravanel qui assiste à cet entretien, que ce n’est pas un problème sportif. Pauline était bien, en forme, elle n’a pas eu la chance nécessaire sur cette épreuve. »

Aujourd’hui, j’essaie de retirer les leçons de cette déconvenue puisqu’effectivement, c’était le but ultime de cette dernière saison, et je vais me projeter sur l’objectif “Paris 2024“.

DH et Enduro également au programmés

 

À l’aube de cette nouvelle saison qui commence au Brésil, quel est ton objectif principal cette année ?
Les championnats du monde aux Gets à la fin août (20 au 24). Sans hésiter. Après, je vais prendre les courses comme elles viennent sur la Coupe du monde. Et prendre part à quelques descentes en fonction du calendrier, mais aussi à des épreuves des EWS (Enduro World Series, une compétition que Cécile Ravanel connaît parfaitement bien…)

 

Tu cours au sein du Team “BMC MTB Racing“, et tu as pris une licence club cette année à l’AMSLF. Pourquoi ce choix ?
On se doit d’avoir une licence dans un club. J’étais jusque-là dans les Vosges à ce niveau mais, comme j’habite ici, que je m’entraîne avec Cécile, j’ai décidé de rejoindre l’AMSLF.
Ça me permet également de moins m’entraîner seule mais avec tout le groupe ici (Antoine Vidal, Gaëtan Viger, Jack Piercy, etc.), avec une super ambiance qui plus est.

Cécile Ravanel : « On travaille différemment. Elle peut être devant et avoir la pression du groupe derrière, ou au milieu du paquet ou encore, a contrario, derrière ce groupe. Cette confrontation qu’elle n’avait pas en s’entraînant seule est forcément bénéfique pour elle. »

Et cela nous permet de nous voir plus souvent. Cet hiver, on alternait muscu’ et séances techniques. Il me fallait à la fois gagner en explosivité et m’entraîner sur la technique pour m’adapter également à l’évolution de mon sport. Il est aujourd’hui plus intense, plus difficile aussi avec des passages très techniques justement.
Et comme le dit Cécile, ce travail en confrontation est un gros plus, un besoin que j’avais ressenti.

“Le vélo, c’est rigolo“

 

Il est vrai que vous êtes très amies. Vous vous connaissez depuis longtemps n’est-ce-pas ?
Oui, on se connaît et on se côtoie depuis 2008 je crois, j’arrivais chez les cadettes. On s’entend super bien, c’est plus facile d’aller à l’entraînement ainsi. On s’entend super bine, les Ravanel sont importants dans mon entraînement et mon évolution.
Même si parfois, on a traversé des moments galère, des entraînements dans des conditions très difficiles, avec de la pluie, du vent et tout… Mais on finissait toujours nos séances d’entraînement avec cette phrase, devenue rituelle, “Le vélo, c’est rigolo“. Et on se marre bien, c’est l’essentiel…

Quand on vous dit qu’elles sont hyper complices ces deux-là…


=> OÙ ET COMMENT VOIR LES COURSES 

Toutes les épreuves sont retransmises en direct live vidéo par le diffuseur Red Bull TV. https://www.redbull.com/fr-fr/discover
Ce vendredi 8 avril, pour le short track – XCC (à partir de 20h50). Ce dimanche 10 avril, pour la course XCO féminines (à partir de 16h) et la course masculine dès 19h15.

Après la diffusion de l’ouverture de la Coupe du monde UCI de DH à Lourdes voici quinze jours, la chaîne L’Équipe sera également sur ces épreuves brésiliennes XCC et XCO.
En direct sur le live.lequipe.fr, en replay sur la chaîne L’Équipe (TNT canal 21) dimanche 10 avril à partir de 17h (short track F et H), à 17h45 (XCO féminines), à, 19h30 et jusqu’à 21h05 (XCO masculins).