Dimanche 2 juillet à l’issue de la 2nde course sur le circuit nivernais de Magny-Cours, 4e manche du championnat de France Superbike (catégorie SuperSport 600 pour Johan), l’on basculera déjà dans la seconde moitié de saison puisque subsisteront alors trois rendez-vous, à Pau-Arnos (14 -> 16 juillet), sur le tracé francilien de Carole (25 -> 27 août) et, enfin, le clôture de cette campagne #2023 dans le Var, au Castellet.

Si l’on établissait une comparaison avec une course d’endurance, telles les 24H du Mans autos dont on fêté le centenaire en grandes pompes il y a une quinzaine de jours, ou les 24H de Spa motos cette fois qui faisaient leur retour sur le “Mondial EWC“, l’on pourrait dire que l’on aborde là – Magny-Cours cette fin de semaine puis Pau deux week-end plus tard – la nuit du Mans (ou de Spa) avec toutes les inconnues que cela comporte, la peur mêlée à l’excitation, le sentiment d’aborder un moment (presque) décisif… Car si rien n’est alors joué, être toujours en course au moment où le jour se lève est éminemment important. Et si tout n’est pas totalement joué alors, le destin final s’écrit déjà solidement.

En l’espace d’une seule saison, Johan a montré qu’il avait énormément évolué et savait désormais assurer l’essentiel, à savoir les points, quand il ne pouvait aller chercher la victoire

Courir avec la tête

Eh bien, l’on est un peu dans le même cas pour les pilotes du SSP600, tous en chasse derrière le leader varois de la Race Experience Team, Johan Gimbert. Le Fréjusien aborde la nuit (Magny-Cours et Pau) en tête et le petit jour (au surlendemain du 14 juillet) pourrait avoir vu “Gimbert Jr“ faire un grand pas vers le titre national.

Au moment de partir vers la Nièvre ce jeudi matin, Johan présente un bilan fort honorable : 105 points au général, 21 d’avance sur son dauphin Enzo De La Vega, seul de la petite trentaine de concurrents à compter deux victoires (Nogaro #2 et Lédenon #1) ! Unique bémol, cette chute en tout début de course à Nogaro #1 – « une connerie de ma part », a reconnu sans ambages le jeune Fréjusien – qui lui vaut un zéro pointé sur cette manche.

Un joker surtout, quand on regarde la meute des poursuivants – cinq des six suivants on score à chaque sortie -, même si l’on sait que Gimbert et sa Yamaha apparaissent au-dessus du lot.

Pas question de se la jouer pour autant et, en ne tentant pas le diable à Lédenon #2 pour aller chercher la victoire à tout prix face à Gregorio, De La Vega et Arbel arrivés dans cet ordre, mais en conservant cette 4e place pour marquer des points, Johan a montré qu’il avait retenu la leçon et savait aussi courir avec la tête.

Même si, pour le pilote fréjusien, rien d’autre n’a d’importance que la victoire finale, rester placé et mener le championnat est tout aussi important. Ainsi, au soir de Pau, être leader aura un double enjeu. Pour le sacre finale certes, mais aussi dans ce but de glaner la wild-card pour la manche WSBK de… Magny-Cours (8 -> 10 septembre) qu’offrira alors la Fédération française avec son partenaire privilégié, le GTM 94 de Christophe Guyot.

Avec la Yamaha (celle de Valentin Debise) du GMT94, Johan Gimbert a sorti deux jolies courses à Misano au début du mois, au regard de son peu de connaissance, autant de cette catégorie mondiale que de la machine ou encore du circuit © GMT94-Yamaha

Wild-card et puis WSBK

Le “Mondial Superbike“, s’il sait que cela passe par le titre, Johan espère y parvenir le plus vite possible. D’autant qu’il y a déjà goûté par deux fois (invité sur la manche portugaise de Portimao en octobre dernier avec le Team VFT Racing, convié à remplacer Valentin Debise souffrant sur la machine… du GMT 94 à Misano il y a quelques semaines).

Avec cet immanquable goût de “reviens-y“ qui va bien avec…

D’autant que le “rookie“ n’a pas démérité en Émilie-Romagne, a fortiori au regard des circonstances. « Prévenu la veille au soir, parti le jeudi matin pour arriver à Misano dans la nuit, être au brief’ pilotes le vendredi matin puis enchaîner par les premiers free practice à 11h le vendredi matin, rappelle son père, Sébastien Gimbert. Le tout avec, certes, une équipe qu’il connaît un peu mais une machine qui développe 25 chevaux de plus, réglée pour un autre. » Bref, pas loin du cadeau empoisonné. Mais dans sa soif d’apprendre et de rejoindre cette Élite SBK à (court) terme, Johan ne veut « retenir que du positif de cette sortie. Faire P17 en course #1, à deux places des points, alors que je ne connaissais ni la machine, ni le circuit au contraire de tous mes adversaires, c’est bien ». Même si, insatiable, Johan garde un peu de « frustration car on n’a pas adapté la moto pour moi, j’étais avec les réglages de Valentin ».

Johan Gimbert et son staff ont encore énormément travaillé depuis Lédenon il y a un mois, et savent que la moto devrait être très performante… pour peu que la pluie épargne le circuit nivernais

« Je vais vite sur le sec »

Frustré, le Fréjusien l’était aussi au sortir de la manche ardoise il y a un mois. Vainqueur de la course #1, il est resté au pied du podium en course #2 (4e). « J’avais un souci avec mon pneu avant, un mauvais pneu pour le coup. Il se détériorait énormément et j’ai su garder la tête froide pour marquer des points et ne pas partir à la faute, ce que j’aurais pu faire l’an dernier. » Pour autant, le Varois entend bien, sur une piste qu’il « affectionne tout particulièrement, là où j’étais devant juste avec Valentin (Debise, Ndlr) l’an dernier, aller chercher deux victoires. Et essayer de creuser un peu plus l’écart au général, c’est l’objectif ».

Seul bémol, une météo annoncée changeante sur le centre de la France avec, potentiellement, de la pluie. « Sur le sec, je sais que je serai vite. S’il pleut, ça reste toujours piégeux. »

Élément de confiance en revanche, un souci apparemment réglé concernant le freinage sur l’avant. « Trois fois je suis parti de l’avant cette saison mais là, avec les récents essais qu’on a faits, autant à Magny-Cours qu’à Pau, on a semble-t-il trouvé la cause du problème. »

D’où cet optimisme, sans excès néanmoins, et ce regain de sérénité avant d’aborder cette “nuit“ de la saison FSBK pour, on le lui souhaite, aller chercher et toucher son Graal très vite !