À 20 ans tout juste – il les a fêtés le 30 octobre dernier –, le jeune pongiste canadien de l’AMSLF, Matteo Martin a la chance d’avoir déjà vécu, si ce n’est plusieurs vies, à tout le moins différentes expériences qui marquent une vie.

Né au Canada – « mais toute ma famille est française », précise-t-il, lui qui, au moment de ces lignes, était en transit entre Lot et Normandie avant de rejoindre le Québec, parents et frères pour la seconde partie des fêtes – Matteo Martin a, selon les pérégrinations professionnelles du paternel (chef de projet informatique), navigué de parte et d’autre de l’Atlantique. « J’ai vécu cinq ans au Canada, avant de revenir en France, à Levallois, de 2007 à 2013, puis de repartir à Montréal ensuite. »

Le tennis de table supplante le hockey

Mais un Canadien, ça fait du hockey, pensions-nous, béotiens que nous sommes ?
« Oui, le hockey est un sport que nous pratiquons à l’école, admet Matteo. Mais, personnellement, je me suis essayé à plusieurs disciplines (foot, rugby, tennis de table…) au moment où j’étais en France, je devais avoir 8 ans. Donc le hockey, pas vraiment… » Au contraire même, et sans doute le fait d’évoluer dans l’un des tous meilleurs clubs nationaux – le Levallois Sporting Club TT figure parmi les plus titrés sur le plan hexagonal (17 titres de champion de France) – n’y a-t-il pas été étranger, mais c’est vers le “ping“ que s’est finalement tourné le jeune Franco-canadien.
« Je ne sais pas, c’est là où je me suis de senti le plus à l’aise. L’ambiance, le fait de pratiquer un sport individuel mais avec aspect collectif autour… »

Du coup, même l’Atlantique retraversé, « j’ai poursuivi sur le tennis de table, et rejoint le meilleur club du pays, le Club Prestige de Montréal ». Mais, au pays des motoneiges, de l’érable et du grand froid, le tennis de table, c’est “pas ouf“. « Le sport n’est pas développé comme ici en France. Il n’y a pas réellement de ligue ni de championnat par équipes de fait, on y dispute surtout des tournois individuels. »

Les bases à Levallois, la suite de la formation à Montréal, telle est donc la vie de pongiste de Matteo Martin. Et puis, la rencontre décisive. Avec Quentin Scaglia. « Il est venu remplacer l’un de nos entraîneurs au club, c’est ainsi que j’ai fait sa connaissance. »

Éric Angles a proposé à Matteo de prolonger son bail à Fréjus jusqu’à la fin de la saison

Quentin Scaglia, la rencontre décisive

Puis de petits soucis administratifs ont contraint l’ancien pensionnaire du Creps de Boulouris à rentrer en métropole. Mais cela ne sonnera pas pour autant la fin des relations entre les Matteo Martin et Quentin Scaglia. « À l’été 2019, j’avais pris part à un stage estival au Creps de Boulouris déjà. Donc je connaissais aussi Éric (Angles, président de l’AMSLF Tennis de table et responsable du Pôle espoirs de Boulouris, Ndlr). Et un jour, Quentin m’a proposé de venir à Fréjus. »

Le temps de caler le côté études avec les parents – « j’ai un Bac français, passé dans une école française à Montréal. Ensuite, j’ai intégré une École de sciences de gestion au sein de l’UQAM (Université du Québec à Montréal), où je suis en 3e année. Là, je poursuis mes études par correspondance, mais selon un rythme allégé en terme de cours » –, et Matteo a débarqué l’été dernier dans l’est-Var. Accompagné avec un compatriote du Club Prestige, Félix… Martin (aucun lien de parenté entre les deux) – « nous nous entendons très bien et avons même partagé la coloc’ à Fréjus sur ces premiers mois ».

Quand l’individuel se noie dans le collectif…

Et si l’un (Félix) a finalement pris un billet retour pour le Canada en cette fin 2021, non sans garder de vrais liens avec le club fréjusien (« Il reviendra et nous l’aiderons à préparer ses diplômes d’entraîneur », confiait il y a quelques jours Éric Angles à son sujet), le second (Matteo) a rempilé jusqu’au terme de la saison. « Éric est venu me voir pour me proposer de faire la saison complète ici », et Matteo, satisfait de ces premiers mois dans le Var, et une fois encore “l’aspect études“ résolu, la décision était prise.

« J’ai énormément appris durant ces quelques mois. Découvert une autre vie, une autre culture, une autre manière d’appréhender le tennis de table. Ce côté collectif dans le cadre des championnats par équipes par exemple, j’aime beaucoup. On joue de manière individuelle mais on n’est pas tout seul… »

Sur ces six premiers mois dans le sud de la France, Matteo Martin a découvert avec bonheur les compétitions par équipes

La grande expérience : les Jeux panaméricains

D’autant que, cerise sur le gâteau, le jeune espoir québecois a eu l’opportunité d’intégrer la collectif nord-américain pour disputer en novembre les Jeux panaméricains, compétition internationale multisports qui rassemblait à Lima au Pérou les “trois Amériques“ (Nord, Sud, centrale) et les Caraïbes. Au sortir du dernier été, Matteo Martin avait disputé les championnats de son pays, conclus à la 6e place, lui qui était parti avec l’étiquette n°10 au départ. « Il y a eu des forfaits pour les Jeux panam’ et j’ai eu l’honneur d’être convié au sein de cette sélection. C’est une formidable expérience, à tous les points de vue : la concurrence avec des joueurs parmi les meilleurs mondiaux, l’aire de jeu, le contexte… »

Surtout, Matteo Martin a eu l’occasion de jouer une demi-douzaine de matches sur cette compétition – en individuel, en double, dans le cadre du tournoi par équipes – et emmagasiné une précieuse expérience. « Mes matches étaient filmés, j’ai pu analyser ce qui était bien, ce qui l’était moins, j’ai eu les retours avec les coaches, j’ai appris à gérer la pression… », autant d’éléments qui ont grandement fait progresser le Québecois en quelques mois à peine.

Siméon, le frère cadet, à l’US Open juniors !

Et cet amour pour le tennis de table semble avoir déteint sur le reste de la fratrie. « Mon frère Siméon a 16 ans, il fait aussi du tennis de table. Il vient d’ailleurs de remporterl’US Open des U21 (juniors) à Las Vegas. Quant au tout petit, Timothée, il a 9 ans. Lui aussi fait du “ping“ mais bon, on verra plus tard s’il veut continuer… »

En attendant, Matteo Martin regagne la capitale canadienne après Noël, et reviendra en France après la mi-janvier, juste à temps pour la 1ère journée d’une très ardue 2nde phase de championnat face à Boulogne-Billancourt le 22). « Je devais participer début janvier à une compétition sélective pour les championnats du monde, mais je crois qu’avec le Covid, elle n’aura finalement pas lieu. »

Eh oui, là-bas aussi, la situation sportive est grandement dépendante du contexte sanitaire. Mais ce qui est sûr en tout cas, c’est que Matteo Martin reviendra à Fréjus partager la coloc’ « avec Théo Fenocchio cette fois » et défendre les couleurs de l’AMSLF Tennis de table !

 

(*) Expression traditionnelle québecoise utilisée pour inviter quelqu’un à prendre une chaise et à s’asseoir pour discuter.