Elle l’a dit, elle l’a fait ! À 35 ans depuis un mois tout juste, la paratriathlète Élise Marc a récupéré ce jeudi 24 novembre à Abu Dhabi sa couronne mondiale sur sa discipline de prédilection, le paratriathlon catégorie PTS3 (*).
Nous l’avions effectivement laissée en août dernier, à son retour du Canada où elle venait d’achever une saison de paracyclisme particulièrement chargée – la sociétaire de la section amséliste Sports & handicaps a été engagée sur « toutes les manches de Coupe du monde, aux championnats d’Europe puis à ces Mondiaux dans la province québecoise (elle terminera 7e du CLM, 6e de la course en ligne, Ndlr) », expliquait-elle à l’époque, avouant encore vouloir savourer quelques jours de repos.
Pas trop non plus car Élise embarquait ensuite sur la saison de paratriathlon, avec cet objectif avoué d’aller récupérer un titre mondial abandonné l’an passé à son adversaire espagnole, Andrea Miguel Ranz. Une suprématie mondiale qu’elle avait exercé sur les éditions 2017 et 2019, avec une médaille d’argent entre les deux (2018), les Mondiaux ayant été annulés en 2020.

Aussi la sociétaire du club des Vals du Dauphiné Olympics (sis à La Tour-du-Pin, à mi-chemin entre Lyon et Grenoble, en plein cœur de l’Isère, département dont elle est originaire) s’était-elle rapidement remise à l’entraînement en général, et à l’eau et à la course à pied en particulier.

 

Les derniers mètres d’Élise Marc sur ces championnats du monde #2022 avec le drapeau tricolore à la main

 

Du paracyclisme au paratriathlon : deux saisons en une !

Nous l’avons ensuite suivie d’un peu plus loin, regardant tout de même ses résultats de près, comme son titre national lors des championnats de France à Saint-Jean-de-Monts à la mi-septembre ou encore cette victoire sur l’étape turque (Alanya) de Coupe du monde un mois plus tard. Entretemps, pour s’amuser et « se sentir redevenir une gamine » ainsi qu’elle le déclarera sur sa page Facebook, Élise s’était engagée sur le Triathlon de Saint-Raphaël.

Puis ce sera une intense préparation pour cette étape planétaire, accueillie et organisée comme l’an passé à Abu Dhabi, capitale des Émirats Arabes Unis (UAE), pas si loin finalement d’un petit État sur lequel le monde entier a les yeux rivés depuis dimanche dernier. Mais avant de rallier le Golfe Persique, c’est au cœur de la Méditerranée et à Majorque (Baléares) que s’était réunie fin octobre, début novembre la délégation tricolore appelée à disputer les Mondiaux.

Stage intensif à Majorque

Et au regard des photos distillées ici ou là par la Française, l’on pouvait constater que l’heure n’était pas à l’amusement. Ce qu’elle nous a d’ailleurs confirmé pas plus tard qu’il y a 48 heures par mail depuis Abu Dhabi. « La forme est là, les conditions sont au top, et je suis plutôt confiante sur la course à venir. » Exactement ce que confirmera le résultat obtenu ce 24 novembre, Élise Marc constamment au devant de ce triathlon format S (750 m de natation, 20 km de vélo et 5 km de course à pied pour finir), pour reléguer sa jeune (20 ans tout juste) rivale néerlandaise, Sanne Koopman, championne d’Europe 2022, à plus de 12’ au moment de franchir la ligne d’arrivée.

Déjà la perspective de Paris-2024… en PTS4 !

Et un chrono (1h20’16, décomposé en 15’06 de nage, 37’55 sur la selle et 23’57 pour le running) qui l’aurait placée 6e (virtuelle) de la catégorie PTS4. « À travers ma course, je voulais aussi me jauger par rapport aux athlètes PTS4, contre qui je serais amenée à me confronter si je vais aux Jeux de Paris (2024) en triathlon, ma catégorie n’étant pas retenue. » . Le cas s’est déjà présenté l’année passée à Tokyo, ce qui n’avait pas empêché la paratriathlète de s’aligner au Pays du Soleil Levant… en paracyclisme.

Cinquième titre mondial pour le médaillé d’or paralympique de Tokyo, Alexis Haquinquant, qui s’impose devant son compatriote, Pierre-Antoine Baele,catégorie PTS4, le 3e or français du jour étant pour Jules Ribstein (PTS2)

Car Paris-2024, c’est déjà demain, et c’est déjà sur cette échéance que travaille une grande partie des athlètes et autres sportifs tricolores, valides ou pas ! À ce sujet, l’on voit même encore plus loin et l’horizon 2028 (Jeux de Los Angeles) avec un relais mixte paratriathlon 100 % français (ainsi qu’un autre relais avec deux autres Bleus “mélangés“ avec des paratriathlètes d’autres nations) en lice ce samedi 26 novembre. « Même si c’est une course non officielle, il est important de pouvoir avoir une idée de ce nouveau format » (au programme en 2028), explique ainsi Nicolas Becker, entraîneur national, ajoutant, « cela donnera une première approche sur les stratégies à mettre en place ».    Si l’on ne sait encore si Élise Marc pourrait être intégrée à l’un de ces relais, l’on sait déjà que les Tricolores auront largement atteint leurs objectifs sur ces championnats du monde #2022, avec pas moins de six breloques glanées ce jeudi, trois en or (Élise Marc, Alexis Haquinquant pour son 5e or mondial, Jules Ribstein), nonobstant de l’argent et du bronze en tandem (Thibault Rigaudeau/Cyril Viennot et Antoine Perel/ Yohan Le Berre) et un autre titre de vice-champion du monde (Pierre-Antoine Baele, dauphin d’Alexis Haquinquant).

Bref, une belle razzia qui donne déjà envie d’être à Paris en 2024 !

 


 

(*) Trois catégories de handicap sont distinguées en paratriathlon.
• PTWC ->
athlètes en fauteuil avec deux classes, H1 et H2 (handicap plus important en H1) ;
• PTS -> catégorie debout, avec quatre classes : PTS2, handicaps sévères, les plus impactants dans le cadre de la pratique du triathlon ; PTS3, handicaps significatifs; PTS4, handicaps modérés et PTS5, handicaps légers;
• PTVI -> déficit visuel ou partiel, avec là encore trois classes selon la perception de la lumière (B1) et une vision partielle (B2 ou B3), avec présence d’un guide de même sexe, le vélo se pratiquant systématiquement en tandem.

Des Baléares (stage préparatoire) aux Émirats Arabes Unis (ci-dessus), une trajectoire pleine de soleil pour la délégation de paratriathlon tricolore (© D.R. FFTRI)