Ah c’est sûr, c’est beau, ce bassin de 25 m créé artificiellement dans le Lac aux Dames de Samoëns ! Une vue à couper le souffle même… comme le ressenti au moment de se mettre à l’eau…

 

Bon, on vous le dit tout net : pour nous, ça va pas être possible ! Parce qu’il faut être un peu givré pour faire ce qu’il fait, un terme particulièrement bien approprié en la matière. Un peu givrés, un peu fous mais, quelque part, comme le sont en fait tous les adeptes des sports extrêmes, on pense notamment ici aux vététistes de l’AMSLF que l’on connaît bien, les Ravanel, Vidal (une pensée d’ailleurs pour le champion de France de DH, qui vient de se fracturer la clavicule), Piercy, Pontal and Co, que l’on voit slalomer entre… des arbres dans les vidéos qu’ils n’ont de cesse de poster sur les réseaux sociaux.

Jérémy Bloas, lui, c’est différent. Il est givré – rassurez-vous, il ne le prendra pas mal, on lui a carrément dit ! –, en ce sens qu’il est adepte de la natation… hivernale. Dit comme ça, ça passe encore. Mais, déjà, quand on rentre dans les spécificités de la nage hivernale – sans combi dans une eau « comprise entre 3,5 et 5° Celsius » –, ce n’est plus pareil. Et quand on aborde la nage… en eau glacée, il faut savoir que ces messieurs-dames évoluent dans une eau inférieure à 3,5° !!!
Rien que de l’écrire, on en a des frissons… D’autant que la natation en eau gelée se fait « sans combi, juste en maillot de bain ». Ben voyons !!!

Un médecin montre l’exemple

Ce sport extrême, qui relève de la Fédération française de natation dans la “rubrique“ eau libre, Jérémy Bloas, personne censée être sensée au départ – il est infirmier libéral à Fréjus – l’a découvert « un peu par hasard, beaucoup par des amis pratiquant la natation et notamment “Ice Doctor“, également surnommé Dr IceMan ». Ben oui, évidemment. “Ice Doctor“, de son nom de pratiquant donc, c’est un médecin généraliste, Alexandre Fuzeau de son nom de… praticien. Il est rouennais (tout comme… Jérémy Bloas), est c’est lui qui a démocratisé cette nouvelle discipline dans l’Hexagone, voici une bonne demi-douzaine d’années, nageant notamment dans la Seine.

Nageur de base – « j’ai dû commencer vers 6-7 ans » –, adepte de l’eau vive (« j’ai fait du triathlon aussi un peu »), Jérémy Bloas, dans le Var depuis 2014, habitant Trans et au cabinet installé à Fréjus depuis 2018, s’est donc tout naturellement (enfin, pour lui) tourné vers l’eau gelée. Il nous raconte ici sa première fois : « j’ai juste trempé les pieds avant de les ressortir immédiatement. Puis, petit à petit, on s’habitue et l’on tient plus longtemps. » L’introduction dans l’eau est évidemment « l’instant le plus difficile. On a vite le souffle coupé, on s’essoufle immédiatement »

De Gallieni avec le président de la section natation, Xavier Tranchant, à Samoëns, quelques degrés en moins mais le même amour de la natation…

Non, mais tu es fada !

Avoir des « prédispositions à supporter le froid en général, à se plonger dans l’eau gelée en particulier » (Dr Fuzeau, Ndlr), voilà bien sûr des éléments indispensables pour pratiquer une discipline, voire un loisir, « en plein développement en France entre autres » mais qui n’a « rien d’exceptionnel dans les pays nordiques, la Russie et même l’Allemagne ». D’autant que les bienfaits sur la santé ne sont plus à démontrer, dans le sport notamment où la cryothérapie est de plus en plus répandue lorsque l’on parle de récupération après un effort intense.

Jusqu’à 1h pour se réchauffer !

Mais la santé justement… Car on est quand même loin, ici, du Bain de Noël ou du Jour de l’An, grande tradition de bord de mer où, déjà, se plonger dans une eau flirtant entre les 7-8° et 13-14° n’est pas une sinécure, lorsque l’élément liquide baisse encore pour tout juste dépasser la barre du 0 ! « Sur les compétitions, on est très suivis évidemment, avec plusieurs docteurs et secouristes autour des bassins. Et, au sortir de l’eau, il y a tout un protocole à respecter pour faire remonter la température corporelle qui doit descendre aux alentours de 34. D’abord un sauna, puis un jacuzzi, une tente chauffée, tout comme les serviettes, les vêtements. Sur de courtes distances (50, 100 m), on se réchauffe vite. Sur un 1000 m en revanche, on peut mettre jusqu’à une heure après être sorti de l’eau. »

Ces messieurs (et pas qu’eux) se jettent à l’eau aux Dames

Si des compétitions existent à l’international depuis les années 2000, la première épreuve officielle en France s’est déroulée à Vichy en 2019 (championnat national), la première en pleine mer l’année suivante dans les Côtes d’Armor. En décembre dernier, Megève a accueilli une nouvelle édition des “France“ et, cette dernière semaine, c’est la station haut-savoyarde de Samoëns qui s’est faite l’hôte, au Lac aux Dames (700 m d’altitude), des championnats du monde, 5es du nom, organisés par l’IISA (International Ice Swmming Association) et la Fédération française. « Un bassin de 25 m a été aménagé sur une partie du lac, proposant dix lignes d’eau », dans lequel Jérémy se sera donc plongé à quatre reprises pour deux relais mixtes (4×50 NL + 4 nages) et, surtout, deux courses individuelles, son « réel objectif, où il sera certes compliqué d’aller chercher un podium (de catégorie, 35-39 ans en l’occurrence, Ndlr), mais à tout le moins un Top 10 et peut-être un Top 5 », confiait-il vendredi dernier avant les deux rendez-vous du week-end.
Et ce “peut-être“ Top 5, « objectif haut », est finalement devenu réalité, et même double réalité, tant sur le 100 m nage libre, avec une 49e place scratch (10e Français, 5e de catégorie), que le 50 m NL (46e au général, 12e Tricolore et 5e chez les 35-39 ans). « Une belle satisfaction d’autant que j’améliore mes temps des “France“ à chaque fois (1’’ sur le 50, 3’’ sur le 100 », ce qui n’est pas rien, fut-ce après 33’’ et 1’05, et qui installe surtout sur ces deux distances Jérémy, comme le 2e Français derrière Aymeric Amblard, de quatre ans son aîné !

Après cette parenthèse hivernale, Jérémy Bloas va replonger en eau libre, mais dans une eau un peu plus chaude avec, notamment en ligne de mire, le Port-Fréjus Canal Trophy qu’il escomptait disputer en octobre dernier, mais pour lequel le Covid l’avait contraint à déclarer forfait.

 

Oui… mais non ! Ça ne vous donne pas envie, ces morceaux de glace qui affleurent à la surface de l’eau ?… Même si tout ceci est super beau et semble tellement accueillant, comme ci-dessous le bassin de Megève, hôte des championnats de France en décembre dernier…