Monté à deux reprises sur la 2e marche du podium, Johan Gimbert se montre tout à la fois frustré de passer si près d’une ou deux victoires, et heureux d’avoir su marquer de gros points pour le championnat

Champion de France challenger en titre, troisième du scratch derrière Valentin Debise – qui a aujourd’hui rejoint le GMT94 et roule en Mondial Superbike – à un petit point de Mathhieu Gregorio, Johan Gimbert était attendu pour les trois coups du championnat de France FSBK, toujours dans cette catégorie du Supersport 600.

Et lui en attendait tout autant, affamé qu’il était de renouer avec la compétition. Au final, c’est en leader (ex aequo avec le Costarmoricain Hugo Robert et sa moto préparée chez “Antibes Engineering“, 3e de la course #1, victime d’une chute au virage du raccordement, et vainqueur de la 2nde en étant parti 10) que le tout jeune majeur (18 ans depuis janvier) a retrouvé en début de semaine le Var et Fréjus.

La belle météo mancelle

Avant de prendre la route pour la Sarthe, Johan nous avait dit apprécier le circuit des 24 Heures… « sur le sec ». En tant que Manceau pur jus, votre serviteur l’avait rassuré en lui disant que, dans la capitale sarthoise, « il y avait du soleil… parfois ».

Et cette course qui lance la campagne #2023 s’est déroulée dans des conditions littéralement… affreuses pour avaler à quelque 150 km/h de moyenne les 4,185 km du Bugatti, entre pluie (et grosses averses), vent et froid. « Jamais je n’ai eu aussi froid, avouera une fois rentrée à Fréjus Alexandra Gimbert, la mère de Johan, même quand j’accompagnais Seb’ (son mari, Ndlr) sur les 24 Heures. » Sans doute Alex’, mais souviens-toi que les deux tours d’horloge sont beaucoup plus tard dans la saison, la 46e édition se déroulant d’ailleurs… les 15 et 16 avril, soit dans pas moins de trois semaines, ceci explique peut-être cela !

Bon, trêve de mauvaise foi, et laissons plutôt Johan nous raconter son week-end dans l’ouest de la France.

Éviter les chutes, comme l’infortuné Barthomé Perrin (en haut), ou ceux qui chutent devant soi, comme Enzo De La Vega à la chicane DUNLOP après quelques hectomètres dans la course #1, ou Hugo Robert, tel était le leitmotiv et telle aura été la performance de Johan Gimbert sur ce week-end manceau (merci aux photos des pages facebook des autres pilotes du plateau)

VENDREDI -> 2 séances de Free Practice (FP)

À commencer par les premiers essais libres vendredi. « Dès le début, dans des conditions séchantes, ç’a été hyper simple, j’étais direct en rythme, sur les bonnes trajectoires. Résultat, on colle 3’’ au suivant, une vraie perf’, même si ce n’était là que la FP #1. »

En dépit de « quelques soucis d’embrayage sur la séance #2 », le jeune Varois reste avec le meilleur chrono, même s’il voit logiquement la concurrence se rapprocher.

 

SAMEDI -> essais libres #3 + séance qualif’

Satisfait du set up validé, Johan ne « roule pas en FP #3 », se réservant pour la séance chrono qui déterminera la position sur la grille de départ pour les deux courses du dimanche. Et un peu de frustration pour le pilote de la Race Experience Team, doublement générée, et par des soucis de pneumatique – « j’avais des vibrations sur l’arrière » –, et par des problèmes de trafic. « J’ai été un peu gêné sur la fin de mon tour qualif’, alors que j’étais en passe de réaliser un super chrono, sur un rythme 9 dixièmes de seconde plus vite. Après, je me suis dit “2e ça le fait aussi“. »

Fair play bien spur le pilote varois qui félicite ici celui qui l’aura devancé en course #1, Kevin Longearet

DIMANCHE -> course #1 le matin (9h20)

« Très froid, tôt le matin », bref, pas encore de formidables conditions. Parti en pole, De La Vega voit sa machine lui échapper au cœur de la chicane précédant le Dunlop, tandis que Gimbert, relégué 4e vient tout juste de passer Bartholomé Perrin et se retrouve dans l’échappement d’Arbel alors 2e. « Je me bats pour la première place contre Longearet, j’essaie de le passer mais finalement, je me résouds à rester derrière. C’est là que je vois que j’ai mûri par rapport à l’an dernier où j’aurais plus tenté au risque de tout casser. J’arrive à rester 2e derrière Longearet, un bon résultat. » Encore majoré du point supplémentaire du meilleur tour en course.

 

DIMANCHE -> course #2 l’après-midi (15h10)

« Je pars en tête de la course #2, mais je sens Diego Poncet très vite derrière moi. » Le Varois est finalement passé par le Haut-Savoyard dans le tour #5. À son tour leader durant six tours, Poncet voit finalement Gimbert le repasser alors qu’Hugo Robert (23 ans) attend son heure. Celui qui a failli arrêter la moto à l’intersaison après une année 2022 compliquée, déjà sur le podium (3e) le matin en course#1, prend même les devants à deux tours des damiers. « On fait deux beaux derniers tours, on s’amuse bien à se passer, c’est rare qu’il y ait autant de bagarre comme ça. Je le passe, il me repasse, mais au final, le Michelin s’avère un peu mieux sur une piste mouillée que le Pirelli et je fais à nouveau P2. »

Enzo De La Vega complète le podium et prend le meilleur tour de cette course #2. Il pointe 4e au général provisoire (27 pts), à 14 longueurs du duo Robert-Gimbert (41), et avec Longearet intercalé (32). Le pilote cagnois est d’ailleurs resté dans la Sarthe pour effectuer deux jours de tests pré-Le Mans, où il pilotera sur la Yamaha YZF-R1 n°18 du team limougeaud des Sapeurs-pompiers avec Axel Maurin et Philipp Steinmayr.

 

LE BILAN du MANS ->

Au soir de cette manche #1, le seul credo à tenir dans ces conditions difficiles et changeantes était bien de ne pas commettre d’erreurs, ne pas franchir les limites. Les deux pilotes victorieux en témoignent, “seulement“ partis de la 4e ligne avec les 10e (Hugo Robert) et 11e temps (Kevin Longearet) qualifs. Mais tout leur mérite aura été d’éviter les écueils, pouvoir compter sur la fiabilité de leur machine, et profiter des aléas de course.

« Longearet, je ne pense pas qu’il sera devant à chaque course, analysait après coup Johan Gimbert. Hugo Robert, en revanche, il peut être vite. Tout comme De La Vega qui lui, sera présent. Après, la satisfaction est vraiment d’avoir marqué des gros points ici au Mans, c’était l’objectif. Et déjà de compter un petit matelas sur ceux qui me semblent les principaux concurrents, me fait dire qu’on a déjà un petit joker. Après, voir Matthieu Gregorio aussi loin, tant en course (3 chutes en course #1 en fait, en partant de l’arrière, 10e course #2 disputée bien endolori) qu’en qualifs (8e) est étrange. On verra dans un mois à Nogaro. »

Grosse bagarre dans les ultimes kilomètres de la course #2 entre Hugo Robert (à gauche), futur vainqueur, et son dauphin, Johan Gimbert

Nogaro et le circuit Paul-Armagnac où fera effectivement étape à le toute fin avril (28 -> 30) la grande caravane du Superbike pour la manche #2 de cette saison. Une piste gersoise où Johan ira à nouveau rouler le week-end précédent, en espérant avoir de meilleures conditions climatiques que lors de sa première séance là-bas il y a quelques semaines.

Pour une nouvelle fois, « aller chercher de gros points. Bien sûr, je veux gagner mais il faut déjà finir la course… » Qu’on se le dise, petit Johan n’est plus si petit que cela, il commence même à devenir grand !

 


ET RENDEZ-VOUS DANS UN MOIS À NOGARO !!!