Le 10 décembre, à Jean-Vilain, la section boxe de l’AMSLF organise son traditionnel gala comme elle le fait presque systématiquement chaque année à cette période. Deux combats (pros) attirent plus particulièrement l’attention lors de cette réunion, ceux qui enverront sur le ring les deux boxeurs locaux, Clément Lubrano et Mekki Sahli. Non l’un contre l’autre rassurez-vous, pour autant le nom de leurs adversaires réciproques n’est pas confirmé à l’heure de ces lignes.
Cependant, si le premier, poids moyen, s’entraîne à Fréjus, Mekki Sahli, lui, qui combat chez les lourds, est parti peaufiner sa préparation pour ce gala… de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis. Et même pas sur la côte est des States, mais bel et bien à l’opposé, côté Pacifique.
Ouah, “il se la pète“ le garçon ! Un peu bling-bling non ?!…
Ni l’un ni l’autre en fait, ce n’est pas le genre de la maison. Plus sérieusement, si Mekki s’est envolé ce lundi matin pour ce vol long courrier, c’est tout simplement à la demande d’un certain Tony Yoka, qui souhaite l’avoir à nouveau (ce sera la 3e fois) comme sparring-partner dans son antre de San Francisco !…
Tony Yoka, vous connaissez ?!… Bien sûr. Il n’est nul besoin d’être un spécialiste, pas davantage un connaisseur avisé pour mettre un visage (en levant la tête néanmoins) sur le nom Tony Yoka. LA star actuelle de la boxe hexagonale depuis son sacre olympique en 2016 et le couple en or qu’il formait alors (et jusqu’à leur séparation il y a quelques mois encore) avec Estelle Mosely, elle-même boxeuse, elle aussi sacrée sur les rings brésiliens voici cinq ans aujourd’hui…
Si des Cerdan, Acariès, Carpentier, Tiozzo, Asloum, Bénichou, Mormeck – on en passe et des meilleurs –, voire des Alexis Vastine (pour son destin sportif autant que tragique) sont des noms bien connus du Noble Art à la française, Yoka a cette particularité d’être le premier boxeur hexagonal champion du monde amateurs (super-lourds) en 2015 avant d’être sacré sur le ring olympique une année plus tard, toujours en super-lourds.
Depuis, s’il a embrassé une carrière professionnelle – 11 combats pour autant de victoires, 9 avant la limite –, Yoka n’en attend pas moins encore une certaine forme de reconnaissance de son talent (il est pour l’heure 20e mondial). Une quête qu’il espère (et pourrait) voir comblée le 15 janvier prochain à l’AccorHotel Arena de Paris-Bercy, où il défiera le vétéran Carlos Takam, 23e au ranking planétaire, 40 printemps mais une carrière bien fournie (46 combats, 39 victoires – 28 KO –, 6 défaites, la dernière face à Joe Joyce l’été dernier). Yoka ne s’y trompe pas – il a avoué récemment au quotidien L’Équipe, « c’est le haut niveau mondial (…) si tout se passe bien, je peux ensuite légitimement affronter des mecs du Top 10 » –, il espère grimper dans les classements et aller chercher un combat pour une ceinture mondiale.
Alors il met tous les atouts de son côté, exilé depuis plusieurs saisons aux États-Unis du côté de San Francisco. Du côté… car la situation géographique de sa salle d’entraînement, celle de son coach, Virgil Hunter – considéré comme le “Mourinho de la boxe“ – reste entourée d’un certain mystère !
Mekki Sahli n’en a cure, lui qui s’envole donc pour la Californie, non pour le fun, les belles filles et les belles plages, mais bien pour en “prendre plein la tête“. Interview.
AMSLF : Mekki, tu t’envoles ce lundi pour San Francisco où tu vas assister Tony Yoka en qualité de sparring-partner à quelque deux mois de son combat contre Takam. Comment s’est conclu ce deal ?
Mekki Sahli : « En fait, Tony me connaît déjà, puisque ce sera la troisième fois que nous collaborons de cette manière. La première fois, un mois et demi pendant l’été 2020, et la deuxième quelques semaines plus tard il y a tout juste un an.
AMSLF : Et qui est à l’origine du contact entre vous deux ?
MS : Je crois que c’est Jacques Patrac (un manager bien connu dans le monde de la boxe, Ndlr) qui a appelé Yannick. Coach, c’est bien ça ?
Yannick Paget, le coach, qui passe par là, acquiesce et confirme, « Oui, Jacques Patrac m’a contacté, Tony Yoka était bloqué en France à cause des restrictions sanitaires et il cherchait un sparring pour préparer son combat contre Johann Duhaupas fin septembre 2020. »
MS : Du coup, je revenais de vacances et j’ai eu cette opportunité incroyable en fait. Bien sûr, ça ne se refuse pas. Après ça s’est super bien passé et, si cela a bien évidemment été super bénéfique pour moi, j’imagine que ça l’a été pour lui aussi puisqu’il m’a rappelé quelques semaines plus tard, en novembre-décembre 2020.
AMSLF : Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné chez Yoka ?
MS : Toute l’organisation hyper professionnelle qui l’entoure. Il y a un mec pour la prépa’ physique, un autre pour l’entraînement, etc. Pas comme dans un petit club où le coach fait un peu tout en fait… C’est la boxe dans ce qu’il y a de plus professionnel.
AMSLF : Intimidé à la première rencontre ?
MS : Oui quand même. Déjà physiquement, c’est un “monstre“ (2,01 m, 115 kg, Mekki Sahli faisant presqu’office de gringalet à ses côtés avec son 1,89 m et ses 110 kg). Puis le gars est champion olympique après avoir été champion du monde amateurs quand même, ce n’est pas rien ! Donc, oui, forcément un peu intimidé, j’appréhendais un peu. Mais au début seulement, Tony est un mec cool, qui te met parfaitement à l’aise.
AMSLF : Sparring de Yoka, ça t’a apporté quoi ?
MS : J’ai énormément gagné en confiance, j’ai été rassuré sur mes qualités pugilistiques. Après, je ne peux pas dire que j’ai nécessairement retiré un bénéfice marquant sur le combat que j’ai fait ensuite contre Kurtsia parce que ce combat est arrivé plusieurs mois après (*).
AMSLF : Tony Yoka a annoncé ces jours derniers qu’il boxerait Carlos Takam à Bercy le 15 janvier prochain. C’est donc dans cette perspective que tu vas lui servir de copain d’entraînement ?
MS : Oui, si Tony me demande de revenir, et de le rejoindre dans son fief en Californie qui plus est (les deux précédentes sessions d’entraînement s’étaient déroulés en France, dans le camp francilien de Nanterre, Ndlr), c’est que je dois avoir des similitudes avec Takam. Après, crois-moi, je n’y vais pas pour m’amuser, même si c’est en Californie, même s’il y aura des jours “off“ où Tony me fera découvrir la région j’imagine. Non, j’y vais pour le faire travailler, lui, et pour travailler moi aussi en même temps.
AMSLF : Avec la perspective d’un combat à la réunion de janvier ?
MS : Sincèrement, ouais, j’en rêve. Ça pourrait être un joli retour des choses, d’autant que la réunion sera retransmise sur Canal +. Après, ce n’est pas Tony qui décide non plus !? Cela étant, moi, je n’ai plus de temps à perdre, j’en ai déjà assez perdu avec le Covid ces deux dernières années, dans ce qui aurait peut-être pu être mes plus belles années, on ne sait pas… Alors, ouais, ce serait bien…
AMSLF : Mekki, rassure-nous, tu es toujours prévu sur le ring lors du gala du 10 décembre ?
MS : Oui, t’inquiètes, ça fait partie du deal. Je vais rentrer tout début décembre. Et certainement après, je vais retrouver Tony. Mais je ne sais pas encore si ce sera en Californie ou à Paris. Plutôt en France je pense…
AMSLF : Mekki, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
MS : Un beau voyage (rires). Et peut-être un combat en janvier du coup…
(*) Deux combats pros seulement pour Mekki Sahli, le 28 mai dernier à Drap dans le “06“ face au Géorgien Vladimeri Kurtsia, battu par KO, et deux ans auparavant face au Nordiste Logan Bertrand dans les Arènes de Fréjus (victoire par arrêt de l’arbitre à la 2e reprise). Mais s’il est devenu pro sur le tard, à 28 ans, Mekki a une très solide carrière dans les rangs amateurs, forte de 26 combats, « 22-23 victoires, quelque chose comme ça », et un titre national en 2015.
Retrouvez ICI la vidéo d’une ITV accordée à Go Boxing News par Mekki Sahli après son premier partenariat avec Tony Yoka il y a un peu plus d’un an.