Jusqu’à la lie ils auront bu le calice. Jusqu’à l’hallali pourrait-on même dire, tellement ce gala de boxe semblait maudit depuis quelques semaines… Mekki Sahli et Gus’ Tamba n’auront pas manqué de le souligner au sortir de leurs duels victorieux, saluant tout autant le mérite de Yannick Paget et de l’organisation que taisant pour ne pas être plus médisants l’attitude de tous leurs collègues boxeurs qui n’auront pas tenu leurs engagements.

On le sait, une cascade de forfaits et/ou de renoncements pour des raisons aussi abracabrantesques et fantaisistes que peu convaincantes auront frappé quasiment l’ensemble du plateau. Si Mekki Sahli et Gus’ Tamba ont finalement pu monter sur le ring et ajouter une victoire supplémentaire à leurs palmarès respectifs, Clément Lubrano mais encore Amine Ouartani et Henri Ansquer se sont retrouvés sans adversaire.

Pour le 3e pro fréjusien, on l’apprenait 24 heures avant la pesée, 48 heures avant le combat. Pour les deux autres boxeurs de l’AMSLF, amateurs, ce sera… à quelques minutes du combat.

Elvis, speaker gladiateur, les cracheuses de feu, Émilie et Sarah : eux aussi auront participé du succès de ce Gladiator Arena Boxing #2

Gladiator Arena Boxing #2 : le gala maudit

Un contingent de trois boxeurs du Challenge Boxing Marseille (Killian Fenu, Ayoub El Haiba, Redouane Sedrati) était invité à ce Gladiator Boxing. Si le 3e était effectivement en temps et en heure aux Arènes de Fréjus en compagnie de l’entraîneur du club, les deux premiers, Fenu et El Haiba) n’arriveront jamais dans la cité romaine.
Ils seraient tombés en panne au départ de la capitale phocéenne et, à partir de cet instant, ils ne donneront plus signe de vie. Y compris à leur infortuné camarade, Redouane Sedrati, dont les affaires étaient dans la voiture de ses collègues – c’est Garry Gilio qui lui prêtera la tenue complète pour monter sur le ring…
Et même à l’issue d’une soirée où tous ses boxeurs « auront finalement gagné », Yannick Paget ne décolérait pas. « Je ne veux pas aller les voir parce que… » Et malheureusement, « aucune sanction ne risque d’être prise » car ne n’étaient pas là des championnats…

Jusqu’à l’ultime instant, le chat noir aura dû rôder dans les couloirs de l’amphithéâtre romain. Et les organisateurs se virent contraints de proposer des exhibitions au pied levé (Garry Gilio vs Ben Paoli, Amine Ouartani vs Henri Ansquer) en ouverture du gala.

Mais le vrai sauveur de ce gala longtemps maudit aura été Yannick Paget, au four, au moulin, à la baguette et sur le ring pour épauler ses boxeurs… Merci à lui…

Ils déshonorent le Noble Art

Le vrai constat au sortir de ce dernier est en tout cas que la boxe française semble bien malade. Certes, Fréjus n’est pas la capitale de notre pays, mais les difficultés toujours croissantes pour mettre en place de type de manifestation sont plus que décourageantes. Et même un amoureux de ce sport comme Paget, lui qui a dû se faire quelques ulcères à préparer celui-ci, a annoncé « ne plus vouloir se réinvestir » dans d’autres projets du genre. « C’est fini, j’arrête, je préfère préserver ma santé et me consacrer à ma famille. »

La boxe n’a assurément plus de noble que le nom, et ce ne sont pas les deux Marseillais du Challenge Boxing – qui n’auront donc pas relevé le leur et sans doute refroidi les volontés d’autres organisateurs de les inviter dans le futur – qui nous feront penser le contraire.

Les Amsélistes Alan Gucciardi (en haut, à droite) et Alexandre Marras (ci-dessus, à gauche) n’ont pas failli lors des deux seuls combats amateurs de la soirée

Amateurs : la rage de Marras et Gucciardi

D’autant plus dommage que cette soirée aura non seulement attiré de nombreux spectateurs mais aussi proposé de jolis combats. On oubliera la frustration des Ouartani et Ansquer que leur “entraînement amélioré“ n’aura pas amoindri, la déception d’un Clément Lubrano – « ce n’est pas sérieux, avouait le poids moyen de l’AMSLF. Moi, je me suis préparé depuis des semaines, j’attendais cette possibilité de remonter sur le ring… » –, et l’on se satisfera des prestations abouties et victorieuses (sur décision unanime des juges) d’Alexandre Marras (face au Roquebrunois Geoffrey Lafforge) et d’Alan Gucciardi (face à Sedrati).

Côté professionnels, le Francilien Moughit “Guito“ El Moutaouakil a confirmé son retour au premier plan après un parcours de vie un peu cahotique, lui qui a conquis le titre national des moyens en décembre et l’a défendu en mars. “Guito“ s’est ainsi imposé face à un boxeur allemand, Dustin Ammann par arrêt de l’arbitre à la 2e des 8 reprises programmées.

Et que dire des deux stars fréjusiennes ?

Celle en devenir, Mekki Sahli, qui peut désormais prétendre à un championnat de France après sa 5e victoire en autant de combats, la 4e par KO. Dès le premier gong, Vaclav Trojacek, dont la peur était perceptible depuis la veille à la pesée – on ne se moque pas car on le comprend, on constate simplement que les 17 kilos et la dizaine de centimètres rendus par le Tchèque étaient rédhibitoires et il le savait – cherchera à se protéger des coups du sparring-partner de Tony Yoka. Une fois coincé auprès des cordes, le Tchèque tombera sous les coups de boutoir et, on ne lui en voudra pas, se couchera presque avant même le terme de cette reprise inaugurale.

Frustrés de ne pas avoir vu débarquer leurs adversaires respectifs, Henri Ansquer et Amine Ouartani (en haut) se sont livrés sans se retenir pour une exhibition “forcée“, tandis que Garry Gilio et Benjamin Paoli (ci-dessus) n’avaient aucunement prévu de mettre les gants mercredi soir…

L’autre star, bien consacrée celle-ci, était bien sûr Gus’ “Marvelous“ Tamba, que tous espéraient voir défendre (et confirmer) sa ceinture européenne pour aller encore plus haut. Finalement, il dut “se contenter“ d’un combat “normal“, sans autre enjeu que celui d’ajouter une 18e victoire (en 19 combats). Face à lui, un autre boxeur tchèque, beaucoup plus expérimenté (231 rounds à son actif, 78 à Tamba avant mercredi), Ondrej Budera. Avec un pedigree de 45 combats certes, mais un ratio négatif de 18 succès pour 26 revers, quand bien même 14 de ces 26 défaites aient été concédées face à des adversaires alors invaincus…

Les affres de l’annulation

Mais, dès la pesée, cela faillit partir en cacahuètes car, on peut vous le dire maintenant, Ondrej Budera n’était pas au poids, dépassant les 76,205 kg requis. S’en suivirent de longues discussions entre tous les protagonistes pour décider de l’issue d’un combat presque tué dans l’œuf. « Il n’y a pas beaucoup de différence, c’est vrai, concédait Gus’ mardi soir. Mais imagine qu’il se goinfre ce soir et arrive sur le ring à 80 kilos ou plus. Ça ferait une sacrée différence. »

Finalement repesé mercredi matin par Yannick Paget himself, le combat sera validé. Un duel fratricide, les deux hommes se rendant coup pour coup, nonobstant un avantage au Fréjusien. Et « quand ça ne passe pas en haut, essaie par en bas », lui glissera son coach à l’issue de la 2e reprise. Un conseil suivi par le triple champion de France qui assènera deux crochets au foie dont l’impact résonne encore dans les travées des Arènes, envoyant deux fois Beruda au sol, la 2nde étant fatale.

Expéditif le poids lourd fréjusien, Mekki Sahli, qui aura saoulé de coups le Tchèque Vaclav Trojacek, s’est imposé avant même les trois minutes de la première reprise

Gus’ sonne toujours deux fois

Tamba reste donc “Marvelous“ invaincu depuis avril 2016 et son 3e combat chez les pros, enchaînant un 18e succès en carrière, le 12e par KO. Reste maintenant à trouver un nouvel adversaire pour défendre sa ceinture de l’Union européenne et franchir un cap vers un championnat d’Europe – toujours « step by step », selon sa formule. Un adversaire serait sur les tablettes mais bon… dans la boxe maintenant !?

Un élément s’avance en tout cas, ce ne sera probablement pas à Fréjus…

  1. Galerie Photos des combats exhibition et des deux combats amateurs
  2. Galerie Photos des trois combats professionnels

Sa 18e victoire, son 12e KO : Gus’ “Marvelous“ Tamba a assuré le coup, mais aurait sans nul doute préféré défendre sa ceinture européenne devant son public