Qu’adviendrait-il de la boxe sans eux ? La salle Pierre-Argenti grouille de monde en cette fin d’après-midi d’un mardi de septembre. Hors rings, entre sacs et saut de corde, Garry Gilio rythme les séquences pour une quinzaine de boxeurs amateurs.
Tout à côté, Yannick Paget se partage avec les trois pros de la section amsélistes. Il serre correctement les gants de Gus’ Tamba, avant que ce dernier ne monte sur le ring. Il y retrouve Clément Lubrano, qui achève sa séance par un petit “décrassage“. Sur le ring à côté, Mekki Sahli, lui, en a déjà fini. Il s’étire et se repose.
Et les mêmes entraîneurs seront là le lendemain, pour driver l’école de boxe entre autres…

Gus’ “Marvelous“ Tamba, ici aux Arènes le 13 juillet face à Ondrej Budera © photos : Ph.C.) à nouveau contraint au chômage technique, son challenger prévu (l’Irlandais Padraig McCrory) ayant préféré aller défier l’Allemand Leon Bunn pour une ceinture mondiale d’une fédération mineure, l’IBO

Pour Mc Crory, IBO > EBU

Mais pour l’heure, attachons-nous aux deux fers de lance de la team Paget. Alors qu’il espérait enfin avoir trouvé un combat pour la défense de sa ceinture européenne en Irlande (à Belfast) le 22 octobre face au “local“ Padraig McCrory, Gus’ Tamba est une nouvelle fois tombé de haut.
Plutôt qu’un combat européen en ligue EBU, l’Irlandais a préféré répondre à l’appel du boxeur germanique, Leon Bunn, pour, le 22 octobre mais à Francfort, disputer un championnat du monde dans une ligue (IBO) que même son créateur ne se souvenait plus avoir portée sur les fonds baptismaux.
« Attention, il y a eu quelques bons champions du monde dans cette fédération », nuance Yannick Paget, sans que l’on ne le croit réellement. Sarcastique, de plus en plus fataliste, même plus surpris, le coach cinq fois champion de France – deux à titre personnel, trois en qualité de coach – assène, « qu’est-ce-que tu veux ? Maintenant, il faut vraiment s’attendre à tout ».

Toujours s’attendre à tout

Dans un sport de plus en plus gangrené en effet, où parole et même écrit ne suffisent plus pour respecter un contrat, qui a perdu une grande partie de sa crédibilité, Gus’ “Marvelous“ Tamba n’en dit pas moins. Lui qui, salarié dans une entreprise de travaux publics dans le civil, prend à chaque combat un mois de congés sans solde auparavant pour préparer ledit combat, se « satisfait au moins cette fois, de ne pas avoir débuté » ce congé. « Pour le reste, on attend. On a eu une proposition en Angleterre, mais cela ne valait pas le coup », explique-t-il, avant d’ajouter, œil malicieux, « je sais que Yannick travaille, on verra ».

Chat échaudé craint l’eau froide c’est certain, et Gus’ est bien placé pour savoir qu’avant que lui-même et son adversaire ne soient tous deux sur le ring et n’entendent le premier coup de gong, tout peut se passer…

Rendez-vous important pour Mekki Sahli “La Foudre“ qui, en cas de succès face à Myronets le 8 octobre, pourrait voir s’éclaircir sa route, tant sur le plan national que sur le circuit mondial

Mekki, dernière étape avant un combat national ?

On verra donc, comme il dit et, en attendant, on se tourne vers Mekki qui, lui, s’envolera le 6 octobre prochain pour Riga, la capitale lettone, où l’attend 48 heures plus le boxeur ukrainien Bohdna Myronets. Ce sera le sixième combat en carrière pour le Français (5 combats, 5 victoires, 4 avant la limite), son adversaire présentant quasiment le même pedigree (6 combats, 5 victoires, 4 KO mais… une défaite contre David Spilmont, un temps pressenti pour affronter Mekki dans les Arènes le 13 juillet, et qui combattra d’ailleurs sur cette même réunion de Riga contre un autre Ukrainien, Dmytro Bezus).
Surtout, pour Mekki, une victoire dans l’Arena de Riga signifierait un « bond au classement mondial, peut-être dans les 150 », mais également un pas de plus vers un combat pour le titre national chez les lourds. « Oui, c’est sûr, même si cela n’arrivera sans doute pas avant l’année prochaine », le tenant du titre, le boxeur limougeaud Cyril Leonet, qui avait d’ailleurs jusqu’au 15 octobre pour remettre sa ceinture en jeu.

Une soif de combat inextanguible

Si le combat de Mekki Sahli n’est (pour l’heure) pas remis en question, un autre contretemps est toutefois venu se glisser dans l’emploi du temps du poids lourd fréjusien. Il était en effet prévu que Mekki soit, à l’heure de ces lignes, du côté de Manchester, en train de préparer son combat contre Myronets… tout en préparant celui du Britannique Hughie Lewis Fury. Sparring-partner attitré du cousin du “Gipsy king“ Tyson Fury – celui-là même qui n’en finit plus de finir sa carrière – Mekki Sahli est finalement resté à Fréjus. « Quand il est venu s’entraîner en France au printemps, il a contracté un Covid long dont il se ressent encore, explique Mekki. Cet entraînement a donc été purement annulé. »

Pas bien grave, Mekki se prépare at home. Et puis, il a tellement soif de combat – « moi, je suis prêt quoi qu’il arrive, je veux être sur le ring » – qu’il serait capable de gagne la capitale lettone à la nage s’il le fallait…

Après avoir “démoli“ lors du Gladiator Arena Boxing #2 aux Arènes (ci-dessus) le Tchèque Vaclav Trojacek – lequel s’est repris un mois plus tard en dominant à domicile un compatriote, Jan Sendrei – Mekki Sahli s’en va défier l’Ukrainien Bohdan Myronets (ci-dessous, short rouge) le 8 octobre prochain à Riga, capitale de la Lettonie