Nous avions été un peu présomptueux voici quelques jours lors de la présentation dudit stage, en annonçant la venue de quelque 400 karatékas à Fréjus. Plus précisément, cette donnée est « celle qui a cours lors des stages qui se tiennent à Paris », ajuste Marc Pisano, président la section amséliste, à l’origine et à la logistique de ces organisations, le grand ordonnateur en demeurant bien sûr Jean-Pierre Lavorato.
Non, en septembre dernier, sur évènement similaire avec les Sensei, ce sont 160 à 170 adeptes tout de même qui avaient effectué le déplacement jusque dans la cité romaine pour écouter la bonne parole de l’un des maîtres en la matière, Masao Kagawa. L’on n’ira pas jusqu’à dire “l’un des dieux“ même si, au final, on n’en est pas si loin.

La fédé’ s’appuie désormais sur Fréjus

Car les profanes que nous sommes ne se rendent pas nécessairement compte de l’aura de ces Sensei – la traduction littérale de ce terme en est précisément le professeur, le maître – ni l’impact que représente leur visite. Écoutons dès lors celui qui sera notre professeur à cette occasion, Marc Pisano.

Ancien entraîneur de l’équipe nationale japonaise sur les Jeux olympiques, Sensei Masao Kagawa est l’un des grands maîtres de la JKA et de la JKS à travers le monde

« Ce genre de prestation ne se déroule bien souvent qu’à Paris, explique ce dernier. C’est là qu’intervient Jean-Pierre (Lavorato, Ndlr), proposant l’idée de sessions en Province, et notamment pour les licenciés du grand arc sud-est. Il a ainsi réussi à convaincre Francis Didier, président de la Fédération, ou encore Dominique Lavera, l’une des légendes qui a notamment introduit le pieds-poings en France. Aujourd’hui, et à la suite des succès qu’auront été ces stages, je peux dire que la Fédération a décidé de faire de Fréjus l’un des sites référents. » Une sorte de base arrière en quelque sorte, qui ne peut que servir, cet art martial déjà, mais également la section amséliste, et confirmer un peu plus encore le statut de ville active et sportive dont se revendique notre ville.

Lavorato en retrait

Cette belle annonce précisée, ils étaient donc 160 à 170 adeptes à se presser sur la totalité du parquet de la grande salle Sainte-Croix lundi dernier pour ce cours proposé par Masao Kagawa. « Ici, vous avez l’habitude de me côtoyer relativement souvent, et de participer à des stages en ma compagnie, aura rappelé Jean-Pierre Lavorato, résident fréjusien, faut-il le rappeler. Et vice versa, je vous connais. Alors si, sur les sessions parisiennes, je prends une part plus active à la session, ici à Fréjus, je préfère vous laisser dans les mains de Sensei Kagawa. »

Ici au côté de Philippe Agli, autre entraîneur de la section amséliste, Marc Pisano (à droite), le président, est lui ravi d’avoir rempli par deux fois la salle Sainte-Croix en l’espace de deux mois

Et Marc Pisano de se lancer dans une diatribe qui ne peut, si ce n’est vous transformer en champion ou amateur averti, que vous apporter un autre regard et un nouvel intérêt sur sa discipline. « Le karaté a été inventé par le Maître Gichin Funakoshi, considéré comme son père-fondateur. Le Sensei Taiji Kase a été l’un de ses élèves, introduit par le fils-même de Funakoshi, Yoshitaka. Et c’est notre ami Jean-Pierre Lavorato, qui sera le premier à accueillir Maître Kase en France. C’est en travaillant avec ce grand Maître que Jean-Pierre a accompli et glané toutes ses victoires en compétition. »

Sensei Kagawa – légende de la JKA avant de fonder la JKS –, tout comme les deux Sensei, Manabu Kurakami et Tatsuya Naka, venus en septembre dernier, « sont des maîtres chacun dans leur spécialité, leur style. Techniquement, les bases sont identiques bien sûr, après chacun développe son propre style ».

S’il tient bien évidemment un rôle primordial dans la tenue de ces stages exceptionnels, Sensei Lavorato s’efface sans souci pour laisser les adeptes profiter à plein des conseils de Sensei Kagawa

Prendre le meilleur de chaque style

« Nous, Européens, avons davantage grandi dans une optique de compétition. A fortiori lorsque nous sommes jeunes, beaucoup plus jeunes, nous abordons le karaté comme un sport et avec cette notion de compétition qui va immanquablement de pair. Nous travaillons davantage sur la vitesse d’exécution, la vivacité pour proposer le geste décisif, la parade… »
Avec le karaté-do, c’est « différent. Déjà, le temps qui passe fait inexorablement son œuvre sur nos corps. Et nous ne pouvons plus dès lors pratiquer comme par le passé. Il vient un moment où nous n’allons plus porter notre attention sur la force, la vivacité, mais davantage sur d’autres mouvements, des techniques axées sur les bras et les mains qui, quelque part, viennent en complément ».

Aujourd’hui, ces grands maîtres s’inscrivent dans la transmission. Leur venue à Fréjus, « pour rester dans le monde des arts martiaux, c’est comme si un Teddy Riner, à supposer qu’il ait terminé sa carrière, vienne transmettre à ses disciples ». Et les stages comme les deux tout récemment mis en place dans la cité romaine vont nous permettre d’aller plus loin encore dans le développement du karaté-do en France.

 

Retrouvez ICI un panel des jolies photos signées de Franck Cluzel

 

Alors que le prof de krav-maga, Éric Coudray, a été chargé de l’échauffement (en haut), ce stage #2 n’a pas rassemblé que des “anciens“ du karaté – même si la Sensei Kagawa aura plaisanté sur la moyenne d’âge des participants -, mais également des jeunes et des féminines