C’est dans un décor somptueux mais un circuit ô combien difficile que se dispute ce dimanche matin le championnat de France de trail long

Rééditer la même performance que l’année passée (5e au classement féminin, 3e senior) sur la même épreuve ne sera sans doute pas une sinécure pour la traileuse de Fréjus, Manon Gras. La championne de l’AMSLF se montre en effet lucide au regard de la concurrence qu’elle trouvera face à elle sur les (presque) 70 bornes de ce championnat national, version 2023 dans le Causse Noir, sur la commune de La Roque-Sainte-Marguerite.

Le trail de la Cité de Pierres – du nom de ce chaos rocheux de Montpellier-le-Vieux, à La Roque-Sainte-Marguerite – servira de support à ce National de trail long, sur 68 km et avec 2700 m de dénivelé +/- pour agrémenter l’épreuve. « Je suis fin prête, confiait Manon avant son départ vendredi. La forme est là, on verra, mais je ne peux pas trop me prononcer par rapport à un plateau très très relevé. Ces championnats de France sont sélectifs pour les championnats du monde, prévus en Autriche (Innsbruck) début juin. Non seulement il n’y a qu’une ou deux places qui seront attribuées mais c’est la dernière compétition qualificative. Donc les meilleures filles sont là. »

Manon Gras l’année passée à Salers, à l’issue des “France“ 2022 de trail long où elle venait de prendre la 5e place du classement féminin, 3e chez les seniors

Sélections mondiales : beaucoup de candidates, très peu d’élues

Le sélectionneur national, Adrien Séguret, en place depuis un peu plus d’un an – ces “France“ sont ses seconds dans ce rôle – se retrouvera effectivement face à un choix crucial à l’issue de cette compétition aveyronnaise. « La concurrence est vraiment énorme mais il faudra également tenir compte de celles qui se sont programmées pour atteindre leur pic de forme au moment des Mondiaux. Alors ?… »

Alors, Manon Gras qui n’était pas des championnats de France de cross la semaine dernière à Carhaix – en dépit d’une qualification que lui offrait sa 3e place aux Interrégionaux fréjusiens d’il y a un mois – peut peut-être croire en ses chances.
Parmi celles qui recueillent les faveurs des pronostics, on retrouve notamment une Manon Bohard, la Franc-Comtoise vainqueure de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (145 km) en 2021, ou encore l’Annecienne Anne-Lise Rousset, épouse du sélectionneur mais surtout détentrice depuis juin dernier du record de la traversée de l’Île-de-Beauté par le célèbre GR20, soit 170 km et 12.690 m de dénivelé + en 35h50. Autres traileuses citées, la Paloise Jocelyne Pauly (victorieuse sur la Diagonale des Fous en 2018), l’Auvergnate Laure Paradan ou encore l’Iséroise Sabine Ehrström.

La stratégie de course importante

Après les Inter’ de cross, Manon avait enchaîné avec un « gros week-end choc dans les Cévennes, avant de couper les deux derniers week-ends. Juste les entraînements habituels et puis, tranquille toute cette dernière semaine pour conserver du jus ».
Quant à la course, la kiné de Saint-Raph’ veut avant tout « rester concentrée sur moi-même. La première partie sera assez roulante, donc il faut veiller de ne pas partir trop fort, au risque de se retrouver cramée après le 45e kilomètre de course. Les derniers 20 kilomètres sont beaucoup plus durs en effet, avec de belles bosses, un terrain très technique et la grande partie du dénivelé sera ici. Il faudra donc en avoir gardé sous le pied ».

Dans ce contexte de forte concurrence, la bataille ne sera donc pas que physique, mais également stratégique. Et ça, Manon sait faire… Alors ?…