La préfecture du Tarn, ALBI, et son stade habitué des joutes d’athlétisme, ont accueilli les championnats de France “Avenir“ (U18, U20, U23) le week-end dernier (© images extraites de la retransmission des championnats par athle.tv)

 

L’athlé amséliste a connu un joli début d’été, glanant trois médailles sur les championnats de France OPEN disputés à Talence (13-14 juillet), puis les “France“ AVENIR (cadets, juniors, espoirs) une semaine plus tard en terre albigeoise. AYOUB EL AMANI (20 ans) s’est ainsi paré d’argent sur le 3000 m steeple en région bordelaise, avant de doubler avec du bronze sur la même épreuve (catégorie espoirs U23) dans le Tarn. La junior ÉMILIE ROMANET, 18 ans, est à son tour montée sur le podium (médaille d’argent), également sur du steeple mais sur 2000 m, distance consacrée en U20.

 

Un bon collectif d’ensemble

Mais plus que cela, ce sont les résultats d’ensemble de la délégation fréjusienne qui ont frappé les esprits au sortir de ce second championnat national, avec des places de finaliste et de belles performances. A fortiori dans un championnat au niveau de « plus en plus relevé, dixit JEAN-CHARLES BALME, responsable Compétition au sein du club de la cité romaine, plus spécifiquement en charge des épreuves de sprint et concours de lancers et sauts. Un exemple, avec une vingtaine de filles sous les 12’’ au 100 m, là elles étaient une demi-douzaine voici 6 ou 7 ans encore. En termes d’entraînement, on est quasiment à la limite du professionnalisme. »

 

MELISSA FOSKOLOS, ici avec son compère perchiste Vincent Manitch-Cassas lors des France Open le WE du 14 juillet, a traversé deux échéances nationales sans être malheureusement au meilleur de sa forme

 

Le relais va chercher sa finale

Et Fréjus, avec ses moyens aussi mesurés soient-ils comparativement à de grosses structures que peuvent présenter des villes comme Nice, Marseille, et même Grasse, Draguignan pour rester dans le pourtour Côte d’Azur, s’en tire finalement très très bien.

En témoigne cette finale glanée sur le relais 4 x 100 espoirs féminines, pour la première participation d’un relais fréjusien à des “France“ depuis plus de 20 ans ! « Elles se sont arrachées et sont allées chercher cette finale (48’’18 3es en qualif’ en 48’’18, et 49’’23 en finale) quand bien même elles n’y font que 8. C’est un vrai exploit, après devant, c’est un autre monde ! » D’autant que « MELENE et HEDIA HONORÉ (qui lançaient le relais, Ndlr) étaient toutes deux légèrement touchées au genou (eh bien oui, le fruit de la gémellité) sur l’ultime course dimanche soir. Après, LOUANE POINCOT fait bien le job, tout comme MELISSA FOSKOLOS en dépit de son état de fatigue, et physique, et mental, et de ses performances en deçà en individuel ».

 

Manon Brénier découvre la pression

Là est peut-être le léger bémol au retour de ces “France“. Et encore. La jeune athlète tropézienne, qui a donné la priorité au Bac au mois de juin et coupé avec entraînement sur cette période, a doublé Open et Avenir, soit quatre courses de haut niveau (100 m et 200 m à chaque fois) en une semaine, malheureusement sans parvenir à passer le cuit des qualifs.

« Elle a connu son pic de forme auparavant et a accompli de très belles perfs au printemps. Après, sa coupure aura forcément été préjudiciable et même fatale, ça semblait inéluctable. »

Deux autres jeunes filles, également placées dans le groupe d’entraînement de “Jicé“ Balme, étaient engagés sur les lancers. Toutes deux sur le disque, avec une grande première pour MANON BRÉNIER, qui aura découvert le haut niveau cadettes, « pas bien techniquement sur le premier jet », avant de prendre tout le poids de l’enjeu et de l’évènement ensuite. « Je ne suis pas parvenue à rester dans ma bulle », avouait-elle sans détour.

 

Les images de l’incident survenu en tour de qualification du 800 m U20 décortiquées, avec cette légère poussette d’Adrien Lanau engendrant la chute du Fréjusien qui finira dernier avant d’être repêché pour la finale… Les deux ne sont pas exempts de tout reproche, y compris Rémi qui l’a reconnu lui-même… Plus de peur que de mal quoi qu’il en soit…

 

Kræmer contre Kræmer… enfin Lanau 

Quant à KARLA-MARY POLAN, “exilée“ dans la cité phocéenne depuis un an dans le cadre de ses études, n’a plus le même suivi d’entraînement que lorsqu’elle était encore à Fréjus. Quand bien même elle ait amélioré sa meilleure marque personnelle cette saison (40,89 m le 21 juin en Avignon), sa progression est beaucoup moins fulgurante qu’il y a quelques saisons. Elle n’en est pas moins arrivée en finale où elle se classe 10e, avec un jet à 37,95 m (un autre à 38,58 m en concours qualificatif).

 

REMI KRÆMER (dossard 97) qui fait preuve d’humour ici au départ de la finale du 800 m juniors, en montrant sa blessure au coude consécutive à sa chute, “provoquée“ par son nouvel ami bordelais, Adrien Lanau. Le Fréjusien aura été repêché pour cette finale, mais le coureur aquitain n’aura pas été disqualifié. Comme quoi l’esprit du sport triomphe parfois… 

 

Double perf’ d’Ayoub El Amani

Pour le coureur RÉMI KRÆMER, ce sera une place de mieux en finale (9e en 1’59’’89 pour celui qui a déjà couru en 1’52’’11 et se montre régulier en 1’55-1’56). Mais une « course manquée, il s’est un peu perdu lui-même », juge son coach AKIM ZILALI. Et le jeune Fréjusien peut nourrir quelques regrets quand l’on sait qu’une place… dans les 8 en finale lui aurait derechef valu un statut de SHN (sportif de haut niveau) toujours utile… quand on pratique justement à ce niveau !

Le responsable du secteur demi-fond à l’AMSLF Athlé n’est pas avare en louanges en revanche concernant AYOUB EL AMANI. « Ce qu’il fait sur les deux courses, tant aux “France Open“ qu’aux “Avenir“, c’est très fort. Aller chercher deux médailles comme ça, ce n’est pas donné à tout le monde. D’autant que les conditions de course n’étaient pas évidentes – c’était une véritable fournaise, sans aucune brise d’air – et que le rythme emmené par Luc Le Baron notamment était intense. Complètement différent de la course Open, beaucoup plus tactique (et 10’’ d’écart entre les deux courses pour El Amani, Ndlr). C’est en tout cas d’excellent augure pour la suite. Même si on sait qu’en athlé plus qu’ailleurs, la vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain, ce que nous disait d’ailleurs Pierre Boudy après sa 2e place derrière Le Baron en ayant pulvérisé son record personnel (4’’ de moins en 8’35’’51, Ndlr). »

 

AYOUB EL AMANI (dossard 191) au départ puis lors de la course du 3000 m steeple U23, derrière le phénomène Luc Le Baron et son futur dauphin, Pierre Boudy (187)

 

Un 3000 trop… monotone pour Émilie Romanet

L’autre pépite de l’athlé fréjusien cru 2024 aura été ÉMILIE ROMANET. En argent vendredi sur sa distance fétiche (2000 m steeple, avec un nouveau record à la clé en 6’54’’62), la toute jeune majeure (depuis début juillet) a pris la 7e place du 3000 m samedi – pour l’anecdote, trois rangs devant Marie Garret, celle-là même qui l’avait dominée sur le steeple la veille. Mais ce n’est pas le « genre d’épreuve qu’elle affectionne, continue le coach. C’est un peu trop monotone pour elle, c’est pour ça que le steeple lui convient mieux, ça court par à-coups, il y a des obstacles ». Émilie n’en aura pas moins amélioré là encore son meilleur chrono sur la distance en 10’19’’66 !

Pour faire une métaphore avec le cyclisme et le récent Tour de France, disons que la jeune Fréjusienne serait davantage une jumpeuse qu’une rouleuse. Le tout sans dopage bien évidemment… du moins pour ÉMILIE ROMANET, ça c’est certain !

 

EMILIE ROMANET (151) dominée par Marie Grasset (145) sur le 2000 m steeple juniors (U18), mais la Fréjusienne n’en est pas moins vice-championne de France

 

Quoi qu’il en soit, le bilan est très bon pour l’athlé fréjusien au terme de ces deux campagnes nationales. Avec une relève bien présente, qui sera renforcée l’an prochain par une autre petite perle, la sociétaire de Figanières Maëlia Nelva-Gay, cadette 1ère année en laquelle “Jicé“ Balme place de grandes promesses, et malgré l’éternel et amère constat relevé chaque année avec les départs de jeunes qui quittent Fréjus – et par voie de conséquence l’AMSLF – contraints par leurs études. Ce sera le cas encore en cette intersaison avec KARLA-MARY POLAN qui va signer (définitivement) à Marseille, ou un RÉMI KRÆMER qui part chez les ch’tis, du côté de Valenciennes.

 

On perd les étudiants… et on r’commence

Pour les éducateurs amsélistes, il s’agira une nouvelle fois de remettre le métier sur l’ouvrage et de trouver de nouveaux diamants brus à polir. « Notre grande force cette année aura résidé dans un vrai travail en commun, beaucoup de discussions, de relations entre les différents groupes, entre AKIM et moi-même, conclut JEAN-CHARLES BALME. Ça n’a pas toujours été le cas, mais ç’a bien matché cette saison. Et on a vu les résultats… »
À méditer…